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Oui, je parle Platt !
Yo, Eich schwätze Platt !
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Origines Yiddish et hébraïques

La communauté juive était très présente dans les bourgs et villages de Moselle germanophone et de Sarre; elle s’occupait surtout du commerce, notamment celui des animaux dans les campagnes. De plus, le yiddish est une langue germanique, cousine du francique et donc tout à fait compréhensible pour un Lorrain germanophone. Rien d’étonnant alors que de nombreux mots en yiddish soient identiques au francique et que même des expressions d’origine hébraïque soient utilisées couramment. 

Ainsi, quand une affaire n’est pas valable ou bien lorsqu’elle prête à confusion, on dit : dat és nét kauscher (ce n’est pas cachère), ce n’est pas correct, c’est douteux. Pour désigner des idées peu claires, des choses sans valeur ou des niaiseries, on utilise l’expression alles nur Kalaumes  (tout cela ne sont que des bêtises); chalaumes en hébreu signifie « rêves » (pluriel de cholem). 

Un homme violent et méchant est un Masick, du yiddish massik, démon maléfique. C’est ainsi que l’on désignait aussi le cheval rétif. 

Si l’on dit :  et gétt Mackes  c’est que l’on veut avertir son entourage d’un bagarre imminente  (mackes signifiant « des coups », « une défaite »), de même  et gesitt mackautsich aus  signifie que « la situation a l’air d’être compromise » ou que « ça va barder ».

Si l’on veut renvoyer quelqu’un chez lui on peut lui dire : de kannscht pléiten gehn ! Pleïte signifiant la faillite, l’expression invite donc notre interlocuteur à aller au diable. Mais il faut dire que ce mot n’est plus guère utilisé de nos jours.

Les juifs de notre secteur utilisaient le terme de Schlamassel avec le sens de « malheur, catastrophe ». Le mot vient du germanique  schlimm  (terrible, malheureux) et de l’hébreu masel (la chance). Un ramassis d’objets hétéroclites se dit Geschlamasselts. Faut-il voir un rapprochement avec le mot précédent ?

Le pain enzyme est appelé Matzen et le sabbat Schawes, chez les juifs et les non juifs de notre région, ces deux termes  sont hébraïques.

La population juive parlait évidemment (et parle encore) le francique, c’était sa langue vernaculaire et le yiddish n’était guère utilisé. Il est cependant étonnant de constater que l’on trouve dans le “judeo-alsacien” (très proche du yiddish) des mots typiques du francique mosellan  alors que nous sommes en Alsace dans une autre aire germanique (l’alémanique). Ce qui montre bien la proximité des deux langues. Ainsi Papajer, (le papier), Auer (l’heure, la montre), Baam (l’arbre), alleweg (c’est sûr) sont des mots typiques et communs au francique mosellan et au yiddish (et au judeo-alsacien). 

Dans la communauté juive une betsel est une servante, une bonne; en Lorraine francique une Betschel est une jeune fille un peu délurée. Ces deux mots ont une origine commune : le mot français « pucelle ». Mais nous ne savons pas lequel des deux a influencé l’autre.

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